Soins ancestraux d’Afrique, la Slow Cosmétique made in Africa

Soins ancestraux made in Africa – Bâtonnets cure-dents & huiles précieuses

Depuis des millénaires, la pharmacopée africaine est connue et reconnue pour ses nombreuses vertus pour le soin du corps, de l’intérieur comme de l’extérieur.

Et en Afrique de l’Ouest, elle est particulièrement riche, au point que l’Occident et l’Asie s’intéressent de plus en plus à ce marché depuis une quinzaine d’années.

Malheureusement force est de constater qu’avec la mondialisation, les africains a contrario s’éloignent de plus en plus des remèdes naturels au profit de la médecine moderne introduite sur le continent lors d’évènements historiques peu glorieux.

N’eut été, le coût exorbitant des médicaments et des soins médicaux, l’insuffisance des budgets nationaux alloués à la santé et l’inadéquation des infrastructures sanitaires qui ont obligé plus de nombreux gouvernements africains à reconsidérer les avantages des systèmes de soins de santé traditionnels, ces remèdes auraient purement et simplement disparus du paysage.

Je me suis mise à la Slow Cosmétique, pour mon bien-être et celui de la planète sans savoir que cela allait me reconnecter pleinement avec les soins ancestraux d’Afrique…

Cela fait maintenant quinze ans que j’ai adopté un mode de vie slow qui s’est affiné au fil des années. Cela a coïncidé avec la naissance de mon premier enfant, avec cette volonté d’éviter aux maximum les produits chimiques et emballés dans du plastique. Remplacer le gel douche et le shampoing par un savon de qualité a été le premier geste évident. Puis j’ai abandonné les déodorants (même les plus naturels) et les parfums, source de perturbateurs endocriniens, au profuit de l’huile de coco.

Dans nos sociétés, et encore plus paradoxalement en Afrique, ne pas se frotter (si possible TOUS LES JOURS avec un filet appelé « niempé » au Sénégal !) la peau et ne pas s’asperger de parfum, c’est synonyme de mauvaise hygiène.

Quelle méconnaissance ! Les dermatologues eux-mêmes déconseillent fortement l’usage du niempé au quotidien pour la simple et bonne raison que cela détériore l’épiderme et le met à nu. En gros, on détruit ainsi le film lipidique de la peau, raison pour laquelle nos peaux sont irritées (surtout avec une eau calcaireuse), blanchâtres, il faut mettre des litres de crème pour que la peau se sente moins irritée.

N’oublions pas non plus que la création du parfum ne remonte qu’au XIX ième siècle à une période où en Europe, l’hygiène diminuant, il fallait bien camoufler les odeurs !

On voit là bien que le parfum est un concept qui a été importé sur le continent contrairement aux essences naturelles. A ce propos je ne peux que vous conseiller l’excellent livre de Adame Ba Konare « Parfums du Mali – dans le sillage du Wusulan » qui nous entraîne dans le sillage du wussulan, parfum corporel et d’ambiance, part intégrante de la culture malienne. Ce livre dévoile les secrets du charme et du savoir érotiques des femmes maliennes, tout un programme.

Tout cela pour dire que la pharmacopée africaine a tout mais absolument tout pour prendre soin de nous, et qu’à titre personnel, elle a facilité mes rituels de beauté, puisqu’étant sur le contient, j’ai accès aux produits bruts et non testés sur les animaux qui me donnent entière satisfaction.

Alors je vous embarque vers un petit tour d’horizon d’une infime partie de ces plantes qui font partie de ma routine beauté.

Le beurre de karité

Authentique beurre de karité, non raffiné

Ai-je encore besoin de vous rappeler que le beurre de karité est mon meilleur allié beauté dont je pourrais me passer ?

L’histoire du karité et moi, c’est un peu comme celle d’Obélix qui est tombé dans la potion tout petit…

Il faut dire que mon arrière-grand-mère en vendait déjà sur les berges du fleuve Niger aux pêcheurs.

Naturellement riches en vitamines A, D, E, F et en acides gras essentiels, et en esters cinnamiques, le beurre de karité favorise l’hydratation et l’élasticité de la peau.

Il a des vertus cicatrisantes, émollientes et apaisantes.
C’est un produit naturel à utiliser pour tout, par toute la famille, sans aucune restriction : massages corporels, soins des bébés (érythème fessier, rougeurs, irritations), protection contre le vent et le froid, soin des crevasses et du dessèchement cutané, lutte contre les vergetures de la femme enceinte, douleurs articulaires ou musculaires, démangeaisons de la peau et éruptions cutanées, eczéma, psoriasis,…. Si vous voulez que votre peau garde sa jeunesse et sa souplesse, le beurre de karité est là pour ça!

Les huiles précieuses d’Afrique

Huile précieuse d’hibiscus

Depuis mon retour aux cheveux naturels en 2004, j’ai introduit l’usage des huiles végétales dans mes soins. Mais à l’époque, les huiles accessibles provenaient essentiellement de Aroma Zone qui je dois dire règne en parfaite hégémonie depuis et pas seulement en France. Même au Sénégal d’où proviennent certaines de leurs huiles précieuses, leurs produits sont vendus en boutiques bio, un non-sens selon moi ?!

Baobab, moringa, touloucouna, dattier du désert, sésame, coco constituent mon vivier pour le soin de ma peau, des cheveux, et du corps. En tant que minimaliste, je me réjouis de n’avoir dans ma salle de bain que des produits bruts, locaux et véganes.

Cela n’a pourtant pas toujours été le cas….

J’ai connu mon époque Clarins et Lipikar. Ayant une peau atopique et sèche, j’avais à l’époque des problèmes de peau récurrents notamment des soucis de surpigmentation. J’ai dépensé beaucoup d’argent, sans avoir connaître réellement l’accalmie.

Aujourd’hui, malgré les années que j’ai accumulées depuis, je dois clairement avouer que ma peau ne s’est jamais aussi bien portée certes que je vis en Afrique où le climat chaud et humide est plus favorable aux peaux noires, mais une routine simple, c’est vraiment ce qui me convient ! C’est ça la slow cosmétique, une cosmétique « intelligente, raisonnable, écologique & humaine ». Et 100 % végétale bien sûr !

Ici on trouve beaucoup d’huiles précieuses parmi elles les plus connues et les plus vertueuses :

  • L’huile de touloucouna : puissante (et facilement chauffante), c’est une huile revigorante, émolliente, nourrissante et antalgique, de ce fait elle est recommandée pour les courbatures et les articulations.
  • L’huile de dattier du désert (balanites) : puissamment hydratante, cette huile assouplit et répare les peaux sèches, rugueuses et desquamées. Elle est également recommandée en massages contre les douleurs musculaires.
  • L’huile de baobab : elle constitue un soin efficace pour les peaux et les cheveux secs. Excellent cicatrisant, elle hydrate parfaitement et sublime les peaux et les cheveux sans laisser de film gras.
  • L’huile de moringa (mon huile chouchoute mais aussi une des plus chères car plus rares !) : soin anti-rides, elle convient particulièrement aux peaux très sèches et sensibles, et lutte efficacement contre les desquamations.
  • L’huile de sésame : soin anti-UV (attention elle ne remplace pas une crème ou huile solaire), elle est également très efficace contre les douleurs. J’ai également découvert il y a quelques années en l’utilisant sur les cheveux de ma fille, qu’elle était une huilé démêlante incroyable.
  • L’huile de souchet : elle est parfaite pour les massages ayurvédiques et connue pour sa lutte contre la pousse des poils.
  • L’huile de bissap : soin efficace pour les peaux et cheveux secs. Excellent cicatrisant, elle hydrate parfaitement et sublime les peaux et les cheveux sans laisser de film gras.
  • L’huile de coco : elle sublime et fait briller peau et cheveux. Antibactérienne, je l’utilise dans mes dentifrices maison ou en bain de bouche.
Mon Astuce Beauté
J’utilise le moringa comme huile démaquillante le soir : après avoir brumisé mon visage avec de l’eau, je masse mon visage avec quelques gouttes d’huile de moringa puis je retire l’excès avec un gant humide. Après cela je ne ressens pas le besoin de me nourrir la peau avec une crème ou du beurre de karité.
En testant différentes huiles, vous verrez laquelle vous convient le mieux.

Puis depuis deux ans j’ai même adopté le lavage corporel à l’huile que j’effectue deux à trois fois par semaine.

De l’huile pour se laver, kesako ???

Pour commencer depuis l’Antiquité, on se badigeonnait d’huile d’olive puis on utilisait un strigile (sorte de lame courbe) pour se racler la peau. C’était même un rituel utilisé par les Romains avant le combat.

En ce qui me concerne, cela a démarré il y a un peu plus d’un an quand j’ai découvert le cheveutologue Nsibentum lors d’un live Instagram de Setalmaa. Ce dernier met à l’honneur les techniques ancestrales afros.

Fin 2020, il débarque à Dakar, et je lui propose lors d’une rencontre dans un coffee shop de la place, de lui organiser une masterclass auprès d’une population moins avertie que celles des concepts stores dakarois et auprès des jeunes, une cible que j’affectionne particulièrement.

C’est ainsi qu’on se retrouve fin 2020, au sein de l’école Les Cajoutiers de Warang, une école pas comme les autres puisqu’elle scolarise quelques enfants malentendants.

Ce jour-là, élèves, enseignants et quelques parents se réunissent dans la cours de l’internat pour assister à cette présentation très attendue. Beaucoup souffrent de problèmes de perte de cheveux due au défrisage ou ne savent pas comment traiter leur cheveux « crépus » (terme refuté par Nsibentum qu’il considère comme péjoratif) pour les rendre souples et maniables.

La suite de l’histoire est racontée dans un reportage de la BBC Afrique. La grande classe !

Donc tout comme Nsibentum nous rééduque aux soins des cheveux ancestraux et au lavage des cheveux à l’huile, j’ai réalisé que de la même façon je me démaquillais le visage à l’huile (entendez par démaquillage nettoyage car je ne me mets jamais de fond de teint), je pouvais également nettoyer entièrement mon corps à l’huile.

Mais alors, ça se passe comment ?

Eh bien, vous l’avez compris, décaper la fibre capillaire ou sa peau avec des produits agressifs ou remplis de sulfates pour ensuite les enduire de soins nourrissants a très peu de sens.

Le lavage à l’huile permet à la peau comme pour les cheveux, de capter les impuretés tout en laissant un film lipidique nécessaire aux peaux noires.

Mon Astuce Beauté
Je constitue un mélange de trois huiles en les mélangeant dans un flacon : en général l’huile de coco plutôt sèche et l’huile d’olive connue pour nettoyer la peau constituent la base. Je massage bien ma peau avec une petite quantité de mon mélange d’huiles (c'est un rituel donc on prend son temps) puis je rince sous la douche, en retirant l’excédent soit avec la paume de la main, à l’aide des gants ou d’un loofah.
Je me tamponne ensuite à l'aide d'une serviette (surtout ne pas frotter) pour bien bénéficier des bienfaits des huiles.

L’aloe Vera

On ne présente plus les vertus de l’aoe vera surnommée la « plante miracle ». Les civilisations l’employaient déjà. On raconte que Cléopâtre l’utilisait pour parfaire sa routine beauté. Ce n’est pas pour rien que les Maya l’appelaient « la fontaine de jouvence » et la « source de jeunesse ». Elle est un excellent cicatrisant, et parfaite pour les cheveux en gel.  

Le sothiou, allié ancestral de l’hygiène bucco-dentaire

Les différents type de « sothiou », bâtons cure-dents

En Afrique de l’Ouest, la tradition du bâtonnet de « sothiou » est encore bien présente. C’est une pratique ancestrale peu couteuse qui consiste à utiliser la branche ou la racine d’un arbre comme outil d’hygiène bucco-dentaire. Elle est aussi pratiquée en Asie et au Moyen-Orient. Les fouilles archéologiques ont permis de découvrir que des ustensiles tels que des plumes, des épines, des tiges en bois étaient utilisés.

Si la tradition du sothiou est bien maintenue dans des pays comme le Sénégal ou le Mali c’est d’abord de part les propriétés thérapeutiques et prophylactiques très intéressantes : il est bactéricide, fongicide, anti plaque et antioxydant, et rafraîchit l’haleine. Ensuite il constitue une prévention aux problèmes dentaires très accessible et peu onéreuse comparativement aux soins dentaires très couteux et peu présents en milieu rural (dans le cas du Sénégal 44 % de la population vit sous le seuil de pauvreté).

Il faut compter entre 50 Fcfa à 1000 Fcfa par bâtonnet. Ici au Sénégal, il est hyper courant de voir les gens se balader bâtonnet en bouche tout au long de la journée.

Une utilisation optimale exigerait que le sothiou soit utilisé juste après les repas puis trempé dans l’eau avant une prochaine utilisation. Il doit également être séché et rangé pour ne pas être souillé, et l’embout coupé au bout d’un certain nombre d’utilisations, afin de partir sur une nouvelle base.

Les sothious les plus connus sur le marché sénégalais

Parmi les plus connues, on compte le fameux siwak ou miswak (« ngaw » en wolof) qui est maintenant commercialisé en Occident et même sur Amazon. En bain de bouche, il serait aussi efficace que la chlorhexidine (je suis sûre que vous aussi vos dentistes vous prescrivent tous de l’Eludril !) mais contrairement à ce produit chimique et pas végane pour un sous (le colorant rouge est de la cochenille, extraite des chenilles), le siwak ne détruit pas la flore bactérienne de la bouche.

Il y a pléthore d’autres sothious : le gueun gui gek, le wering (ou werek), le soumpe, le tamarin (dakhar), le sintie, le nep nep (ou neb neb), le gouro etc… Chacun a ses propriétés propres (et pas seulement pour l’hygiène bucco-dentaire, ce sont parfois des vermifuges puissants comme le guenin gui deg, des alliés contre la toux comme le sintie, ou contre les infections de la gorge comme le Gouro), son goût et les croyances spirituelles auxquelles il est associé.

Je dois avouer, qu’à mon grand regret, les bâtonnets sont négligés par une couche de la population plus aisée, qui les considère surement comme primitifs et peu efficaces. Pourtant des études ont démontré leur claire participation à la prévention des caries et de la plaque dentaire.

Personnellement, lasse des rendez-vous à répétition chez le dentiste malgré le soin que j’apporte à mon hygiène buccale, j’ai décidé d’adopter le sothiou dans ma routine après qu’il m’est apparu comme un objet curieux pendant des décennies et que j’ai eu également préjugé vis-à-vis de lui. Je l’utilise en combinaison avec la brosse à dent. Je pourrai donc faire un bilan au bout d’un an pour voir si mes visites chez le dentiste décroîssent.

Comme dans le domaine alimentaire, l’Afrique fait office de véritable terreau. Aujourd’hui, pendant que les ouest-africains se ruent vers les pharmacies à la première occasion ou consomment des produits douteux (dont les fameux savons contenant du xessal, le fameux éclaircissant qui fait des ravages ici), les pays étrangers comme la Corée sont fortement séduits par ces remèdes naturels comme me le dit mon vendeur de quartier (qui est tout sauf un vendeur, mais un véritable herboriste !).

Il est vraiment temps que les Africains regardent les richesses que Mère Nature offre et fassent honneur aux ancêtres qui savaient vivre en symbiose avec les plantes et tirer le meilleur de celles-ci.

Et toi, connaissais-tu toutes ces plantes précieuses ? Lesquelles as-tu déjà introduites dans ta routine beauté ou santé ?

Si cet article t’a plus, laisse un commentaire en bas et n’hésite pas à le partager en n’oubliant pas de me créditer bien sûr !

Sources 

  • « Le « Sothiou » ou bâtonnet frotte-dents comme outil d’hygiène bucco-dentaire dans les pays en développement : exemple du Sénégal », K. Da Luz
  • « Adoptez la Slow Cosmétique », J. Kaibeck
  • « Pharmacopée d’Afrique de l’Ouest », Organisation Ouest Africaine de la Santé

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