Faut-il être irréprochable pour être écolo ?

C’est assez courant en tant qu’environnementaliste d’expérimenter des remarques désobligeantes de la part de non écolos voire pire… d’écolos.

🤔 « Quoi tu es écolo, et tu roules dans une voiture climatisée ? »

Mon combat pour la préservation de l’environnement est sans appel et n’est pas récent.

Il prend la forme que je lui ai donnée au fil des années :

⭐ Je suis une clean walkeuse depuis mes 10 ans
⭐ Je porte des pulls dans ma vieille maison en pierre plutôt que de mettre le chauffage aux max quand je suis en France
⭐ Je suis minimaliste et limite mon utilisation de plastique depuis 10 ans
⭐ Je n’achète pratiquement qu’en seconde main, je répare et je recycle au maximum
⭐ Je composte tous mes déchets organiques
⭐ Je ne consomme pas de produits d’origine animale
⭐ J’éduque et forme à la transition verte et végétale à travers mon organisation GLOBISIS

☝🏾 Pour autant, je ne suis ni parfaite ni exemplaire car il m’arrive de prendre l’avion et je circule à Dakar en voiture.

J’ai mes raisons qui me sont propres :

1️⃣ C’est primordial pour mon équilibre psychique de voir ma famille au moins une fois par an.

2️⃣ Certaines rencontres professionnelles nécessitant des déplacements ont un impact écologique positif plus important que mon empreinte carbone.

3️⃣ Dakar est une des villes les plus polluées au monde sans aucune piste cyclable et avec des transports en commun en pleine structuration.

4️⃣ En tant qu’asthmatique, ma santé passe en premier lieu.

C’est MA réalité.

☸ Limiter son empreinte écologique peut en fait prendre plusieurs formes.

Comme l’a dit le journaliste Hugo Clément dans une chronique de RFI, cette technique de décrédibiliser les initiatives positives des un.e.s et des autres est bien rodée : on se focalise le messager plus que sur le message.
En somme on perd le Nord.

🎙 On donnerait ainsi le crédit et la parole aux seules personnes dites exemplaires.

Et personne n’étant exemplaire, le sujet de l’écologie n’est plus un débat.

En vérité :

✔ C’est la somme de nos actions positives qui comptent ;

✔ Plus on est nombreux à impacter positivement plus on a le pouvoir de changer les choses ;

✔ C’est toujours mieux de faire un peu que de ne rien faire du tout.

La course à la perfection écologique conduit finalement à l’inaction et réduit au silence.

En résumé :

💡 Déculpabilisons

💡 Ne pointons pas du doigt celleux qui prennent la parole

💡 Focalisons-nous sur les actions que nous pouvons mener chacun à notre niveau avec nos propres moyens et nos réalités.

💡 L’attaque entre écolos est tout simplement contre-productive

🦚 C’est ensemble qu’on peut relever le défi écologique.

👉🏾 Tiens, je te propose de partager en commentaires, tes actions positives en faveur de la planète.

L’avantage, c’est qu’il n’y a pas de perdant !

Soins ancestraux d’Afrique, la Slow Cosmétique made in Africa

Soins ancestraux made in Africa – Bâtonnets cure-dents & huiles précieuses

Depuis des millénaires, la pharmacopée africaine est connue et reconnue pour ses nombreuses vertus pour le soin du corps, de l’intérieur comme de l’extérieur.

Et en Afrique de l’Ouest, elle est particulièrement riche, au point que l’Occident et l’Asie s’intéressent de plus en plus à ce marché depuis une quinzaine d’années.

Malheureusement force est de constater qu’avec la mondialisation, les africains a contrario s’éloignent de plus en plus des remèdes naturels au profit de la médecine moderne introduite sur le continent lors d’évènements historiques peu glorieux.

N’eut été, le coût exorbitant des médicaments et des soins médicaux, l’insuffisance des budgets nationaux alloués à la santé et l’inadéquation des infrastructures sanitaires qui ont obligé plus de nombreux gouvernements africains à reconsidérer les avantages des systèmes de soins de santé traditionnels, ces remèdes auraient purement et simplement disparus du paysage.

Je me suis mise à la Slow Cosmétique, pour mon bien-être et celui de la planète sans savoir que cela allait me reconnecter pleinement avec les soins ancestraux d’Afrique…

Cela fait maintenant quinze ans que j’ai adopté un mode de vie slow qui s’est affiné au fil des années. Cela a coïncidé avec la naissance de mon premier enfant, avec cette volonté d’éviter aux maximum les produits chimiques et emballés dans du plastique. Remplacer le gel douche et le shampoing par un savon de qualité a été le premier geste évident. Puis j’ai abandonné les déodorants (même les plus naturels) et les parfums, source de perturbateurs endocriniens, au profuit de l’huile de coco.

Dans nos sociétés, et encore plus paradoxalement en Afrique, ne pas se frotter (si possible TOUS LES JOURS avec un filet appelé « niempé » au Sénégal !) la peau et ne pas s’asperger de parfum, c’est synonyme de mauvaise hygiène.

Quelle méconnaissance ! Les dermatologues eux-mêmes déconseillent fortement l’usage du niempé au quotidien pour la simple et bonne raison que cela détériore l’épiderme et le met à nu. En gros, on détruit ainsi le film lipidique de la peau, raison pour laquelle nos peaux sont irritées (surtout avec une eau calcaireuse), blanchâtres, il faut mettre des litres de crème pour que la peau se sente moins irritée.

N’oublions pas non plus que la création du parfum ne remonte qu’au XIX ième siècle à une période où en Europe, l’hygiène diminuant, il fallait bien camoufler les odeurs !

On voit là bien que le parfum est un concept qui a été importé sur le continent contrairement aux essences naturelles. A ce propos je ne peux que vous conseiller l’excellent livre de Adame Ba Konare « Parfums du Mali – dans le sillage du Wusulan » qui nous entraîne dans le sillage du wussulan, parfum corporel et d’ambiance, part intégrante de la culture malienne. Ce livre dévoile les secrets du charme et du savoir érotiques des femmes maliennes, tout un programme.

Tout cela pour dire que la pharmacopée africaine a tout mais absolument tout pour prendre soin de nous, et qu’à titre personnel, elle a facilité mes rituels de beauté, puisqu’étant sur le contient, j’ai accès aux produits bruts et non testés sur les animaux qui me donnent entière satisfaction.

Alors je vous embarque vers un petit tour d’horizon d’une infime partie de ces plantes qui font partie de ma routine beauté.

Le beurre de karité

Authentique beurre de karité, non raffiné

Ai-je encore besoin de vous rappeler que le beurre de karité est mon meilleur allié beauté dont je pourrais me passer ?

L’histoire du karité et moi, c’est un peu comme celle d’Obélix qui est tombé dans la potion tout petit…

Il faut dire que mon arrière-grand-mère en vendait déjà sur les berges du fleuve Niger aux pêcheurs.

Naturellement riches en vitamines A, D, E, F et en acides gras essentiels, et en esters cinnamiques, le beurre de karité favorise l’hydratation et l’élasticité de la peau.

Il a des vertus cicatrisantes, émollientes et apaisantes.
C’est un produit naturel à utiliser pour tout, par toute la famille, sans aucune restriction : massages corporels, soins des bébés (érythème fessier, rougeurs, irritations), protection contre le vent et le froid, soin des crevasses et du dessèchement cutané, lutte contre les vergetures de la femme enceinte, douleurs articulaires ou musculaires, démangeaisons de la peau et éruptions cutanées, eczéma, psoriasis,…. Si vous voulez que votre peau garde sa jeunesse et sa souplesse, le beurre de karité est là pour ça!

Les huiles précieuses d’Afrique

Huile précieuse d’hibiscus

Depuis mon retour aux cheveux naturels en 2004, j’ai introduit l’usage des huiles végétales dans mes soins. Mais à l’époque, les huiles accessibles provenaient essentiellement de Aroma Zone qui je dois dire règne en parfaite hégémonie depuis et pas seulement en France. Même au Sénégal d’où proviennent certaines de leurs huiles précieuses, leurs produits sont vendus en boutiques bio, un non-sens selon moi ?!

Baobab, moringa, touloucouna, dattier du désert, sésame, coco constituent mon vivier pour le soin de ma peau, des cheveux, et du corps. En tant que minimaliste, je me réjouis de n’avoir dans ma salle de bain que des produits bruts, locaux et véganes.

Cela n’a pourtant pas toujours été le cas….

J’ai connu mon époque Clarins et Lipikar. Ayant une peau atopique et sèche, j’avais à l’époque des problèmes de peau récurrents notamment des soucis de surpigmentation. J’ai dépensé beaucoup d’argent, sans avoir connaître réellement l’accalmie.

Aujourd’hui, malgré les années que j’ai accumulées depuis, je dois clairement avouer que ma peau ne s’est jamais aussi bien portée certes que je vis en Afrique où le climat chaud et humide est plus favorable aux peaux noires, mais une routine simple, c’est vraiment ce qui me convient ! C’est ça la slow cosmétique, une cosmétique « intelligente, raisonnable, écologique & humaine ». Et 100 % végétale bien sûr !

Ici on trouve beaucoup d’huiles précieuses parmi elles les plus connues et les plus vertueuses :

  • L’huile de touloucouna : puissante (et facilement chauffante), c’est une huile revigorante, émolliente, nourrissante et antalgique, de ce fait elle est recommandée pour les courbatures et les articulations.
  • L’huile de dattier du désert (balanites) : puissamment hydratante, cette huile assouplit et répare les peaux sèches, rugueuses et desquamées. Elle est également recommandée en massages contre les douleurs musculaires.
  • L’huile de baobab : elle constitue un soin efficace pour les peaux et les cheveux secs. Excellent cicatrisant, elle hydrate parfaitement et sublime les peaux et les cheveux sans laisser de film gras.
  • L’huile de moringa (mon huile chouchoute mais aussi une des plus chères car plus rares !) : soin anti-rides, elle convient particulièrement aux peaux très sèches et sensibles, et lutte efficacement contre les desquamations.
  • L’huile de sésame : soin anti-UV (attention elle ne remplace pas une crème ou huile solaire), elle est également très efficace contre les douleurs. J’ai également découvert il y a quelques années en l’utilisant sur les cheveux de ma fille, qu’elle était une huilé démêlante incroyable.
  • L’huile de souchet : elle est parfaite pour les massages ayurvédiques et connue pour sa lutte contre la pousse des poils.
  • L’huile de bissap : soin efficace pour les peaux et cheveux secs. Excellent cicatrisant, elle hydrate parfaitement et sublime les peaux et les cheveux sans laisser de film gras.
  • L’huile de coco : elle sublime et fait briller peau et cheveux. Antibactérienne, je l’utilise dans mes dentifrices maison ou en bain de bouche.
Mon Astuce Beauté
J’utilise le moringa comme huile démaquillante le soir : après avoir brumisé mon visage avec de l’eau, je masse mon visage avec quelques gouttes d’huile de moringa puis je retire l’excès avec un gant humide. Après cela je ne ressens pas le besoin de me nourrir la peau avec une crème ou du beurre de karité.
En testant différentes huiles, vous verrez laquelle vous convient le mieux.

Puis depuis deux ans j’ai même adopté le lavage corporel à l’huile que j’effectue deux à trois fois par semaine.

De l’huile pour se laver, kesako ???

Pour commencer depuis l’Antiquité, on se badigeonnait d’huile d’olive puis on utilisait un strigile (sorte de lame courbe) pour se racler la peau. C’était même un rituel utilisé par les Romains avant le combat.

En ce qui me concerne, cela a démarré il y a un peu plus d’un an quand j’ai découvert le cheveutologue Nsibentum lors d’un live Instagram de Setalmaa. Ce dernier met à l’honneur les techniques ancestrales afros.

Fin 2020, il débarque à Dakar, et je lui propose lors d’une rencontre dans un coffee shop de la place, de lui organiser une masterclass auprès d’une population moins avertie que celles des concepts stores dakarois et auprès des jeunes, une cible que j’affectionne particulièrement.

C’est ainsi qu’on se retrouve fin 2020, au sein de l’école Les Cajoutiers de Warang, une école pas comme les autres puisqu’elle scolarise quelques enfants malentendants.

Ce jour-là, élèves, enseignants et quelques parents se réunissent dans la cours de l’internat pour assister à cette présentation très attendue. Beaucoup souffrent de problèmes de perte de cheveux due au défrisage ou ne savent pas comment traiter leur cheveux « crépus » (terme refuté par Nsibentum qu’il considère comme péjoratif) pour les rendre souples et maniables.

La suite de l’histoire est racontée dans un reportage de la BBC Afrique. La grande classe !

Donc tout comme Nsibentum nous rééduque aux soins des cheveux ancestraux et au lavage des cheveux à l’huile, j’ai réalisé que de la même façon je me démaquillais le visage à l’huile (entendez par démaquillage nettoyage car je ne me mets jamais de fond de teint), je pouvais également nettoyer entièrement mon corps à l’huile.

Mais alors, ça se passe comment ?

Eh bien, vous l’avez compris, décaper la fibre capillaire ou sa peau avec des produits agressifs ou remplis de sulfates pour ensuite les enduire de soins nourrissants a très peu de sens.

Le lavage à l’huile permet à la peau comme pour les cheveux, de capter les impuretés tout en laissant un film lipidique nécessaire aux peaux noires.

Mon Astuce Beauté
Je constitue un mélange de trois huiles en les mélangeant dans un flacon : en général l’huile de coco plutôt sèche et l’huile d’olive connue pour nettoyer la peau constituent la base. Je massage bien ma peau avec une petite quantité de mon mélange d’huiles (c'est un rituel donc on prend son temps) puis je rince sous la douche, en retirant l’excédent soit avec la paume de la main, à l’aide des gants ou d’un loofah.
Je me tamponne ensuite à l'aide d'une serviette (surtout ne pas frotter) pour bien bénéficier des bienfaits des huiles.

L’aloe Vera

On ne présente plus les vertus de l’aoe vera surnommée la « plante miracle ». Les civilisations l’employaient déjà. On raconte que Cléopâtre l’utilisait pour parfaire sa routine beauté. Ce n’est pas pour rien que les Maya l’appelaient « la fontaine de jouvence » et la « source de jeunesse ». Elle est un excellent cicatrisant, et parfaite pour les cheveux en gel.  

Le sothiou, allié ancestral de l’hygiène bucco-dentaire

Les différents type de « sothiou », bâtons cure-dents

En Afrique de l’Ouest, la tradition du bâtonnet de « sothiou » est encore bien présente. C’est une pratique ancestrale peu couteuse qui consiste à utiliser la branche ou la racine d’un arbre comme outil d’hygiène bucco-dentaire. Elle est aussi pratiquée en Asie et au Moyen-Orient. Les fouilles archéologiques ont permis de découvrir que des ustensiles tels que des plumes, des épines, des tiges en bois étaient utilisés.

Si la tradition du sothiou est bien maintenue dans des pays comme le Sénégal ou le Mali c’est d’abord de part les propriétés thérapeutiques et prophylactiques très intéressantes : il est bactéricide, fongicide, anti plaque et antioxydant, et rafraîchit l’haleine. Ensuite il constitue une prévention aux problèmes dentaires très accessible et peu onéreuse comparativement aux soins dentaires très couteux et peu présents en milieu rural (dans le cas du Sénégal 44 % de la population vit sous le seuil de pauvreté).

Il faut compter entre 50 Fcfa à 1000 Fcfa par bâtonnet. Ici au Sénégal, il est hyper courant de voir les gens se balader bâtonnet en bouche tout au long de la journée.

Une utilisation optimale exigerait que le sothiou soit utilisé juste après les repas puis trempé dans l’eau avant une prochaine utilisation. Il doit également être séché et rangé pour ne pas être souillé, et l’embout coupé au bout d’un certain nombre d’utilisations, afin de partir sur une nouvelle base.

Les sothious les plus connus sur le marché sénégalais

Parmi les plus connues, on compte le fameux siwak ou miswak (« ngaw » en wolof) qui est maintenant commercialisé en Occident et même sur Amazon. En bain de bouche, il serait aussi efficace que la chlorhexidine (je suis sûre que vous aussi vos dentistes vous prescrivent tous de l’Eludril !) mais contrairement à ce produit chimique et pas végane pour un sous (le colorant rouge est de la cochenille, extraite des chenilles), le siwak ne détruit pas la flore bactérienne de la bouche.

Il y a pléthore d’autres sothious : le gueun gui gek, le wering (ou werek), le soumpe, le tamarin (dakhar), le sintie, le nep nep (ou neb neb), le gouro etc… Chacun a ses propriétés propres (et pas seulement pour l’hygiène bucco-dentaire, ce sont parfois des vermifuges puissants comme le guenin gui deg, des alliés contre la toux comme le sintie, ou contre les infections de la gorge comme le Gouro), son goût et les croyances spirituelles auxquelles il est associé.

Je dois avouer, qu’à mon grand regret, les bâtonnets sont négligés par une couche de la population plus aisée, qui les considère surement comme primitifs et peu efficaces. Pourtant des études ont démontré leur claire participation à la prévention des caries et de la plaque dentaire.

Personnellement, lasse des rendez-vous à répétition chez le dentiste malgré le soin que j’apporte à mon hygiène buccale, j’ai décidé d’adopter le sothiou dans ma routine après qu’il m’est apparu comme un objet curieux pendant des décennies et que j’ai eu également préjugé vis-à-vis de lui. Je l’utilise en combinaison avec la brosse à dent. Je pourrai donc faire un bilan au bout d’un an pour voir si mes visites chez le dentiste décroîssent.

Comme dans le domaine alimentaire, l’Afrique fait office de véritable terreau. Aujourd’hui, pendant que les ouest-africains se ruent vers les pharmacies à la première occasion ou consomment des produits douteux (dont les fameux savons contenant du xessal, le fameux éclaircissant qui fait des ravages ici), les pays étrangers comme la Corée sont fortement séduits par ces remèdes naturels comme me le dit mon vendeur de quartier (qui est tout sauf un vendeur, mais un véritable herboriste !).

Il est vraiment temps que les Africains regardent les richesses que Mère Nature offre et fassent honneur aux ancêtres qui savaient vivre en symbiose avec les plantes et tirer le meilleur de celles-ci.

Et toi, connaissais-tu toutes ces plantes précieuses ? Lesquelles as-tu déjà introduites dans ta routine beauté ou santé ?

Si cet article t’a plus, laisse un commentaire en bas et n’hésite pas à le partager en n’oubliant pas de me créditer bien sûr !

Sources 

  • « Le « Sothiou » ou bâtonnet frotte-dents comme outil d’hygiène bucco-dentaire dans les pays en développement : exemple du Sénégal », K. Da Luz
  • « Adoptez la Slow Cosmétique », J. Kaibeck
  • « Pharmacopée d’Afrique de l’Ouest », Organisation Ouest Africaine de la Santé

(c) Green-Inception

Ma mode végane & responsable

Il y a maintenant bien longtemps que j’ai délaissé les achats compulsifs, les soldes et autres enseignes de consommation de masse.

Je suis une environnementaliste avant tout. Bien avant d’avoir franchi le pas du véganisme. Une écocitoyenne de la première heure. Je n’ai pas attendu que cela devienne mainstream pour réaliser que je me sentais mieux dans un modèle de décroissance, sobre, simple, minimaliste.

En 2012, quand je suis tombée sur le livre « Zero Waste Home » de Bea Johnson, j’ai directement adhéré au concept du « declutter ». Vivre désencombré.e pour vivre mieux et se sentir mieux. Ne pas se polluer l’espace ni l’esprit au contact d’objets inutiles si non futiles. Je n’ai jamais perçu cette transition comme douloureuse car cela allait de pair avec ma vision du monde.

Puis je suis devenue végane en 2016 en prenant conscience qu’il n’était pas normal d’exploiter et de tuer les animaux pour se nourrir, se vêtir, prendre soin de soi et se divertir. J’ai alors découvert un autre mode de consommation respectueux des animaux mais pas toujours cohérent avec mes precepts écologiques et anticapitalistes.

J’ai alors réalisé que je me situais à une interconnexion, une intersection beaucoup plus complexe mais aussi beaucoup plus en harmonie avec ma vision d’un monde plus juste, plus équitable et plus solidaire envers les animaux, entre humains et pour la planète.

En écoutant le numéro de mon podcast préféré Kiffe Ta Race intitulé « véganisme, écoféminisme, des trucs de Blanc.hes…? » (co-animé par ma très chère Rokhaya Diallo), j’ai connecté direct quand Grace Ly a mis en comparaison le fait de remplacer tous ses objets en cuir tout en maintenant un train de vie capitaliste versus le fait de s’evertuer à consommer différemment en s’intégrant à l’ensemble de l’écosystème. Ce à quoi j’aspire au quotidien.

C’est là que ma vision s’éloigne du végane basique qui n’a pour seuls critères de sélection l’éthique animale. Et comme je le dis souvent il y a autant de véganes que d’omnivores. Je me souviens que la première impression du monde végane que je me suis faite n’était pas très reluisante : je m’étais rendue au VeggieWorld à l’automne 2016 et j’avais découvert avec grand étonnement tout un tas de produits industriels exempt de tout produit animal certes mais composés de tout un tas de produits chimiques et suremballés. Je m’étais dit quel intéret ?

Puis au fur et à mesure, j’ai réintégré le véganisme dans mon propre univers et dans ma propre philosophie bien plus globale : consommer sain et simplement, valoriser les produits et l’artisanat locaux, éviter les plastiques inutiles, mais aussi ne pas chercher à tout prix cette « perfection » qui rend la vie dingue parfois. Un peu comme parcourir 30 km de route et brûler du pétrole pour trouver LE magasin en vrac !

Ma mode à moi rime avec éthique mais aussi avec responsable.

Concernant ma vision de consommation hors alimentation, je n’ai pas dévié de ma route malgré l’émergence de nombreuses marques véganes.

C’est un fait, il est maintenant beaucoup plus facile d’accéder à des vêtements et des accessoires sans matière animale et produits de manière éthique. Et c’est vraiment cool car on ne manque pas d’imagination, de recherche et d’innovation dans le milieu « végane ». En même temps je ne ressens aucune freinésie à me procurer de nouveaux articles juste parce qu’ils sont véganes et tendance. Je suis plus que jamais adepte de la seconde main, j’adore l’histoire qui se cache derrière les vêtements d’occasion et l’achat d’un article neuf est rare et quasi cérémonial chez moi.

Il m’arrive d’avoir un coup de coeur pour une belle paire de chaussures végane. Cette satisfaction de se dire, nous aussi on a NOS chaussures Adidas véganes, oui c’est plaisant. J’admire aussi les stylistes qui produisent à toute petite échelle et qui font travailler l’économie locale. Ils ont un talent fou et c’est une fierté de pouvoir porter une de leur création ou acquérir une de leur pièce.

Le sac Eloise Satchel de chez Angela Roi

Il y a deux ans, telle Amélie Poulain qui épie son Monsieur Quincampoix, j’ai flashé chez Aujourd’hui Demain (concept store végane à Paris) sur un magnifique sac en cuir végétal de chez Angela Roi couleur vert taupe.

Un sac à main beau, élégant, exempt de souffrance animale et qui n’a rien à envier à un Louis Vitton. La classe !

Chaque été, je partais voir le sac pour l’admirer un peu plus, en me disant, un jour peut-être je m’offrirai ce petit luxe.

Et puis cet été, j’ai décidé que c’était le bon moment, que j’avais envie de ce beau petit sac à mes côtés et que ce serait mon parfait cadeau d’anniversaire !

J’imagine que dans une société d’achats compulsifs, ce laps de temps que je me suis octroyer avant de procéder à cet achat, peut sembler fou.

Mais moi c’est ce monde que je trouve fou. Ce monde qui ne compte plus, dans lequel on possède beaucoup et où finalement peu de choses a de l’importance. Moi c’est dans ce temps de réflexion et de recul que je trouve mon équilibre.

Depuis lors, quand je me promène avec mon sac sur l’épaule ou à la main, il n’est pas rare qu’on me fasse la réflexion « mais ton sac c’est du cuir ça ?! ».

Pour moi la classe ultime, elle est là.

N’oubliez pas, impossible n’est pas végane !

Le Tassalé ou le Zéro Déchet à l’africaine

Pendant la crise du covid, on a vu les supermarchés être pris d’assaut, les rayons de papier toilettes littéralement dévalisés.

A tel point que des stories d’artistes et de célébrités réalisant des challenges sportifs avec des rouleaux de PQ ont pullulé sur la toile !

Je dois avouer avoir eu du mal à comprendre cet engouement soudain et excessif pour ce doux compagnon de nos besoins naturels.

Car pendant que les uns craignaient la pénurie jusqu’à se battre dans les magasins (on l’a vu aux USA), nous autres, adeptes du tassalé, on était à l’aiiiiiiise ! Le chanteur Mokobé a même lancé le hashtag #tassaléchallenge !!!

Le tassalé, quésaco?

tassalé

Le tassalé (mot soninké et bambara) est une bouilloire en plastique d’une contenance de deux à trois litres que l’on trouve dans tous les foyers en Afrique de l’ouest.

A l’origine, on l’utilise dans la communauté musulmane pour faire ses ablutions.

Pratique et discret, un peu d’eau dans le creux de la main suffit à laver chaque partie du corps tel que recommandé dans le coran.

Cet objet a su élargir sa fonction en prenant place dans les toilettes aux côtés des WC pour se laver après avoir fait ses besoins. Une pratique hygiénique et zéro déchet ancestrale dans ces pays.

Il n’est pas rare également que l’eau du tassalé dépanne aussi en cas de coupure d’eau pour se laver entièrement ! Mine de rien deux litres d’eau, c’est largement suffisant pour tout le corps (on est loin des 15 litres d’eau utilisés par minutes sous la douche!).

A la maison, j’ai toujours vu une bouilloire dans les toilettes. Mais si on m’a lavé les fesses jusqu’à l’âge de l’autonomie, mes parents ne nous ont pas forcés à poursuivre cette pratique.

La bouilloire était la voisine du rouleau de papier toilette, mais c’est naturellement vers ce dernier que je me suis tournée en grandissant.

je dis naturellement car en France la coutume c’est le Moltonel Épaisseur Plus… Sauf que cette douceur exacerbée présentée dans les publicités, très souvent incarnée par des bébés aux joues roses, c’est un peu loin de la réalité.

L’hygiène dite « sèche » compte parmi ses conséquences le développement de démangeaisons voir de prurit anal (désolée hein mais appelons un chat un chat!) provoqué par des vers ou des champignons. Et le frottement effectué par les vas et viens du papier toilette n’arrange en rien les problèmes de peau localisés sur cette zone.

En 2004, je pars vivre à Bamako.

Les bouilloires sont de circonstance. Dans les hôtels et les lieux publiques, il est même courant de trouver des douchettes dans les WC.

Bien sûr on trouve du papier toilettes dans les supermarchés, mais ça coûte la peau du cul (sans vouloir faire de jeu de mot!).

Et puis en fait la question ne se pose pas vraiment, je suis déjà dans une démarche de réduction des déchets et j’avoue que j’ai toujours trouvé bizarre d’acheter quelque chose qui provient de l’exploitation des arbres pour terminer de la sorte, dans la cuvette des toilettes.

J’adhère aussitôt et complètement au tassalé, malgré le fait que pendant toutes ces années je n’ai pas pris l’habitude de l’utiliser.

Le climat chaud malien facilite les choses, c’est moins traumatisant de mouiller ses fesses dans ces conditions !

Dans les années 2012, Béa Johnson et son « Zéro Waste Home » ont un fort retentissement dans le milieu écolo, s’ensuit un engouement pour le Zéro Déchet à travers le globe, avec toute la palette de profils possible.

Il y a les minimalistes, pour qui less is better, celles et ceux qui cherchent à tout prix une alternative zéro déchet pour tout (du sopalain en tissus, des carrés de coton pour le démaquillage, fabrication de produits de ménage ou de gels douche,…).

Je parcours pas mal à ce moment-là les groupes sur Facebook, et je découvre, non sans une certaine intrigue, que certain.e.s vont jusqu’à proposer des lingettes de coton pour se nettoyer le postérieur à l’instar des lingettes pour bébés.

J’avoue que jusqu’à ce stade, ça ne m’avait absolument pas traversé l’esprit ! Quel chemin détourné tout de même pour nettoyer une partie du corps qui n’a pas lieu d’être plus tabou qu’une autre.

Je ne comprenais pas l’idée de souiller des bouts de tissus pour après devoir utiliser encore de l’eau.

Autant utiliser l’eau directement, non ?

Après tout, il y a vingt ans en Europe, on pouvait encore trouver des bidets dans les salles de bain.

Ils servaient à laver les parties intimes et les pieds ou à la toilette quotidienne.

Et là au regard des réponses assez réactionnaires que je recevais sur ces mêmes forums de discussion, je comprenais que le zéro déchet était perçu à travers le prisme occidental.

Si se laver après avoir été aux toilettes dans les pays arabo-musulmans était somme toute naturel, cela n’était pas l’évidence dans les pays occidentaux.

De manière assez générale, les gens n’étaient pas du tout confortables à l’idée de se laver les fesses avec les mains. Si je pouvais comprendre qu’on n’ait pas la technique ou qu’on ne se sente pas à l’aise de le faire dans les lieux publiques (car cela implique clairement de s’asseoir sur la lunettes de WC chose qui ne va pas de soi!), j’avais du mal à comprendre qu’on soit rebuté.e par une pratique qu’on est cens.é.e avoir sous la douche. Ou bien ?

Alors tout naturellement et convaincue par ses seuls avantages, j’ai appris à mes enfants à utiliser le tassalé après être allé.e aux toilettes. Une façon de leur assurer non seulement une bonne hygiène mais de leur épargner toute sorte de désagrément comme les démangeaisons.

Mais il faut avouer que pour un enfant en bas âge, ce n’est pas évident d’avoir la bonne technique tout de suite. Cela demande un peu pratique.

Alors pour celles et ceux qui ont envie de se lancer dans l’aventure, je vous ai concocté le petit guide des « 10 commandements » du tassalé.

Vous verrez, essayer c’est l’adopter !

1. Une meilleure hygiène, tu auras. Les médecins le disent, le lavage à l’eau est la méthode la plus propre et la plus douce. Plus hygiénique et moins irritante que le papier toilette, moins agressive que les douchettes qui peuvent causer des mycoses vaginales à cause de la puissance du jet.

2. De l’eau, tu ne gaspilleras point. 140 litres d’eau sont nécessaires pour fabriquer un seul rouleau de papier toilette. La forme effilée du bec du tassalé permet de réguler le débit de l’eau tout en se lavant.

3. Tes mains tu laveras après. L’usage du tassalé nécessite de se laver les mains et les ongles au savon après. Cela va de soi mais c’est toujours important de le rappeler. Vous avez tous appris comment se laver les mains en profondeur pendant l’épidémie du covid ? Voilà c’est ce qu’il faut faire.

4. De la pratique, tu auras peut-être besoin. Si tu n’as pas grandi dans la culture arabo-musulmane ou ouest-africaine ou si tu n’as juste pas l’habitude de passer tes mains sous les fesses tout en étant assis, tu apprendras petit à petit et trouveras la meilleure posture pour être à l’aise et efficace.

5. Dés déchets, tu ne généreras point. Le papier toilette constitue un problème écologique majeur. Outre le fait qu’il n’a une durée de vie que de quelque secondes, sa consommation correspond à 27 000 arbres partis dans les cuvettes chaque jour. Même s’il y a de plus en plus de papier toilette recyclé les emballages plastiques sont eux rarement biodégradables.

6. Au diktat capitaliste, tu ne céderas point. Le marché du papier toilette est extrêmement lucratif (il représente 8,5 milliards d’euros en Europe). Inventé en Chine au X siècle, il n’apparaît en France que dans les années 60 et est considéré à ce moment comme un produit de luxe.

7. Une belle tradition tu perpétueras. Nul besoin de toujours réinventer la roue. En terme de zéro déchet, on se rend compte que souvent les pratiques les plus anciennes ou les objets que nos grand-parents utilisaient jadis (savon et sa boîte métallique, rasoir en chrome, couches en coton,…) étaient pas si mal que ça en plus d’être minimalistes et peu coûteux.

8. Une petite serviette tu pourras utiliser pour parfaire ton nettoyage et éviter d’avoir les fesses humides.

9. Ton tassalé tu laveras. Fabriqué le plus souvent à partir de vieux contenants en plastique, le tassalé est super facile d’entretien. N’oublie pas de le laver à l’eau et au savon régulièrement afin d’éliminer toute éventuelle souillure.

10. Ta salle de bain ou tes toilettes tu embelliras. Le tassalé sait se faire discret (malgré sa contenance conséquente), de toute forme et couleur possible, il saura égayer ta maison.

Et toi tu es team tassalé ou pas du tout ? Tu te sens d’attaque pour adopter cette solution zéro déchet ?