Il y a maintenant bien longtemps que j’ai délaissé les achats compulsifs, les soldes et autres enseignes de consommation de masse.
Je suis une environnementaliste avant tout. Bien avant d’avoir franchi le pas du véganisme. Une écocitoyenne de la première heure. Je n’ai pas attendu que cela devienne mainstream pour réaliser que je me sentais mieux dans un modèle de décroissance, sobre, simple, minimaliste.
En 2012, quand je suis tombée sur le livre « Zero Waste Home » de Bea Johnson, j’ai directement adhéré au concept du « declutter ». Vivre désencombré.e pour vivre mieux et se sentir mieux. Ne pas se polluer l’espace ni l’esprit au contact d’objets inutiles si non futiles. Je n’ai jamais perçu cette transition comme douloureuse car cela allait de pair avec ma vision du monde.
Puis je suis devenue végane en 2016 en prenant conscience qu’il n’était pas normal d’exploiter et de tuer les animaux pour se nourrir, se vêtir, prendre soin de soi et se divertir. J’ai alors découvert un autre mode de consommation respectueux des animaux mais pas toujours cohérent avec mes precepts écologiques et anticapitalistes.
J’ai alors réalisé que je me situais à une interconnexion, une intersection beaucoup plus complexe mais aussi beaucoup plus en harmonie avec ma vision d’un monde plus juste, plus équitable et plus solidaire envers les animaux, entre humains et pour la planète.
En écoutant le numéro de mon podcast préféré Kiffe Ta Race intitulé « véganisme, écoféminisme, des trucs de Blanc.hes…? » (co-animé par ma très chère Rokhaya Diallo), j’ai connecté direct quand Grace Ly a mis en comparaison le fait de remplacer tous ses objets en cuir tout en maintenant un train de vie capitaliste versus le fait de s’evertuer à consommer différemment en s’intégrant à l’ensemble de l’écosystème. Ce à quoi j’aspire au quotidien.
C’est là que ma vision s’éloigne du végane basique qui n’a pour seuls critères de sélection l’éthique animale. Et comme je le dis souvent il y a autant de véganes que d’omnivores. Je me souviens que la première impression du monde végane que je me suis faite n’était pas très reluisante : je m’étais rendue au VeggieWorld à l’automne 2016 et j’avais découvert avec grand étonnement tout un tas de produits industriels exempt de tout produit animal certes mais composés de tout un tas de produits chimiques et suremballés. Je m’étais dit quel intéret ?
Puis au fur et à mesure, j’ai réintégré le véganisme dans mon propre univers et dans ma propre philosophie bien plus globale : consommer sain et simplement, valoriser les produits et l’artisanat locaux, éviter les plastiques inutiles, mais aussi ne pas chercher à tout prix cette « perfection » qui rend la vie dingue parfois. Un peu comme parcourir 30 km de route et brûler du pétrole pour trouver LE magasin en vrac !
Ma mode à moi rime avec éthique mais aussi avec responsable.
Concernant ma vision de consommation hors alimentation, je n’ai pas dévié de ma route malgré l’émergence de nombreuses marques véganes.
C’est un fait, il est maintenant beaucoup plus facile d’accéder à des vêtements et des accessoires sans matière animale et produits de manière éthique. Et c’est vraiment cool car on ne manque pas d’imagination, de recherche et d’innovation dans le milieu « végane ». En même temps je ne ressens aucune freinésie à me procurer de nouveaux articles juste parce qu’ils sont véganes et tendance. Je suis plus que jamais adepte de la seconde main, j’adore l’histoire qui se cache derrière les vêtements d’occasion et l’achat d’un article neuf est rare et quasi cérémonial chez moi.
Il m’arrive d’avoir un coup de coeur pour une belle paire de chaussures végane. Cette satisfaction de se dire, nous aussi on a NOS chaussures Adidas véganes, oui c’est plaisant. J’admire aussi les stylistes qui produisent à toute petite échelle et qui font travailler l’économie locale. Ils ont un talent fou et c’est une fierté de pouvoir porter une de leur création ou acquérir une de leur pièce.
Il y a deux ans, telle Amélie Poulain qui épie son Monsieur Quincampoix, j’ai flashé chez Aujourd’hui Demain (concept store végane à Paris) sur un magnifique sac en cuir végétal de chez Angela Roi couleur vert taupe.
Un sac à main beau, élégant, exempt de souffrance animale et qui n’a rien à envier à un Louis Vitton. La classe !
Chaque été, je partais voir le sac pour l’admirer un peu plus, en me disant, un jour peut-être je m’offrirai ce petit luxe.
Et puis cet été, j’ai décidé que c’était le bon moment, que j’avais envie de ce beau petit sac à mes côtés et que ce serait mon parfait cadeau d’anniversaire !
J’imagine que dans une société d’achats compulsifs, ce laps de temps que je me suis octroyer avant de procéder à cet achat, peut sembler fou.
Mais moi c’est ce monde que je trouve fou. Ce monde qui ne compte plus, dans lequel on possède beaucoup et où finalement peu de choses a de l’importance. Moi c’est dans ce temps de réflexion et de recul que je trouve mon équilibre.
Depuis lors, quand je me promène avec mon sac sur l’épaule ou à la main, il n’est pas rare qu’on me fasse la réflexion « mais ton sac c’est du cuir ça ?! ».
Pour moi la classe ultime, elle est là.
N’oubliez pas, impossible n’est pas végane !